L’attente d’un livre est un moment à la fois intense et angoissant. Un moment intoissant donc. Ce mardi, je dois recevoir de l’imprimeur les cartons contenant les exemplaires du “Loup de Kervallon”. Se posent alors mille questions : est-ce que tout est conforme ? Quel accueil va-t-il recevoir ? Bon, en fait il y en a deux principales. Il va des livres comme de la vie, ils sèment le doute, nécessaire pour avancer.
Quand on ne prend pas de risques, il est difficile d’échouer mais il est impossible de réussir. L’aventure du “Loup de Kervallon” est une aventure dont la commande m’incombe.
En novembre dernier, je recevais une mauvaise nouvelle. Rien de grave, mais pas de quoi se réjouir non plus. Comme souvent, c’est une fois dans la nasse, relative certes, que l’esprit s’oblige à trouver les ressources pour rebondir. C’est de cette nécessité qu’est né ce livre. Mais il ne suffit pas de vouloir écrire un livre, il faut un sujet. C’est dans le bois de Kervallon que je l’ai trouvé. J’y ai pris mes habitudes. Comme le pilier de bar en face de son demi, je m’y rends régulièrement. Parfois plusieurs fois par semaines. Dans un éclair l’idée de rédiger un roman policier est apparue. Limpide. Il manquait le personnage. Ce sera Jo Cabioch. Il sera policier.
- Pourquoi ce nom ?
- Pour une mauvaise blague contenu dans le bouquin sur les initiales du policier.
- Pourquoi policier ?
- Parceque.
- Mais alors quoi, encore un policier ? Oui mais non. Ce policier sera aveugle.
- Oui, mais alors comment c’est qu’il fait pour débusquer les coupables ?
- Qui vous a dit qu’ils étaient plusieurs ? La mal-voyance de Jo lui confère une singularité. Il n’est pas comme les autres. Cela nécessite également la création de quelque chose ou de quelqu’un pour lui permettre de voir. Ce sera Chloé. Sa petite fille de “douze ans et pi”. Et le couple improbable ira sur les chemins de traverse pour tenter de résoudre l’enquête. Mais cela est une autre histoire. Celle que je reçois demain après ces moments, vous savez, intoissants.